Peux-tu te présenter ?
Je m’appelle Nadia Khallouki, j’ai travaillé durant 15 ans dans les métiers de la restauration
traditionnelle. J’ai voulu donner une dimension plus sociale à mes compétences dans ce
domaine en intégrant l’association Yes We Camp et en devenant coordinatrice Cantine à
Coco Velten. Je me suis impliquée dans l’aide alimentaire à Marseille et aujourd’hui je
coordonne la cuisine au GR1 et l’aide alimentaire avec le programme de la Dihal à travers
l’action à l’alimentation pour les personnes hébergées dans les hôtels du 115.
Que retiens-tu des lieux dans lesquels tu as travaillé ?
De la restauration classique, je retiens l’organisation, la discipline, l’anticipation.
Puis, quand j’ai mis à profit ces compétences dans la cuisine solidaire et sociale d’un tiers-lieu ( Coco Velten à Marseille), je retiens la générosité, le faire ensemble, l’entraide et l’envie
d’être plus utile.
Que pouvons-nous apprendre des espaces communs pour écrire demain ?
Les espaces communs pour moi doivent refléter le monde dans lequel on aimerait vivre
demain. Ce sont des lieux qui doivent offrir un accueil et une diversité, des interactions avec
des dynamiques humaines et sociales et surtout d’égalité. Des lieux qui doivent répondre à la précarité alimentaire avec des cantines solidaires et sociales. Des lieux qui doivent répondre à l’isolement et l’exclusion avec des programmes ouverts à tous pour tous. Et des lieux innovants, avec des participations collectives pour offrir des perspectives d’espoir et de changement.
Quel est ton rapport au(x) commun(s) dans ta pratique professionnelle ?
Pour moi, les lieux communs prennent tout leur sens à travers les personnes qui les
animent. Ma pratique est au cœur de ma réflexion sur le monde. Je me consacre à
l'alimentation, en créant des espaces d'échanges fondés sur la mixité et l'inclusivité, où la
préparation des plats se fait en collaboration avec les bénéficiaires et les bénévoles. Mon
objectif est de rétablir des liens dans un monde qui tend à nous diviser.
Imaginez des moments où l'on coupe des carottes entourés de personnes d'horizons divers
: des personnes trans, des femmes voilées, des jeunes exilés, tous en train de discuter et de
rire ensemble, au-delà des préjugés. C'est aussi l'occasion d'expliquer l'importance du tri
des déchets et du compostage, en adoptant une pédagogie qui vise à ancrer des gestes du
quotidien pour initier un changement durable.
Il s'agit de partager et de faire preuve de générosité à travers des gestes simples, incarnant
ainsi une vision d'unité et de solidarité.
Pourquoi le D.U Espaces Communs ?
Il m’a semblé comme une opportunité d’apprentissage unique, me permettant de développer de nouvelles compétences et d’enrichir mon parcours. C’est un D.U qui permet de découvrir des projets innovants à travers les sessions immersives, ainsi que des initiatives créatives et impactantes. C’est aussi un programme qui m’a permis de rencontrer d’autres passionnés, professionnels et experts sur la questions des communs et d’avoir des échanges très enrichissants lors des sessions focus du D.U.
Quel est ton meilleur souvenir de session du D.U ?
Mon meilleur souvenir du Diplôme Universitaire réside dans les amitiés que j'ai
nouées au fil des différentes sessions. Ces liens ont évolué pour former un
véritable groupe de réflexion et de soutien autour des enjeux qui nous tiennent
à cœur. Parmi mes souvenirs marquants, la rencontre avec Sylvie, chanteuse
d'opéra, se distingue particulièrement. Grâce à elle, j'ai pu établir des
passerelles vers le monde de l'opéra, organiser des sessions d'initiation, et
visiter des lieux de création de décors avec l’association la Passerelle dans le
cadre du festival d’Aix en Provence. Ils vont offrir des performances aux jeunes exilés du GR1, l'endroit où je travaille actuellement. Pour moi, l'art est l'un des outils les plus puissants pour permettre à ces jeunes, qui ont tout quitté, de ressentir des émotions incomparables. Je tiens donc à remercier le Diplôme Universitaire pour cette précieuse opportunité.
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