Peux tu te présenter ?
Je suis Lise, j'ai 27 ans, et c'est par ma passion pour le spectacle vivant que j'ai plongé dans l'univers des tiers-lieux et espaces communs à partir de 2018. À l'époque je m'intéressais aux lieux culturels alternatifs que je voyais émerger en Bretagne et à Berlin où je réalisais mes études. Cette curiosité m'a permis de re-découvrir dans ma région natale le WIP, cette ancienne halle industrielle normande à laquelle on donnait désormais la notion des "lieux infinis". J'ai intégré l'équipe salariée en 2020 à laquelle je suis restée liée malgré la fermeture du site en 2023. La volonté de rendre nos territoires plus solidaires et plus résilients grâce aux espaces communs ne m'a jamais quittée. C'est cette vision que je mets en œuvre aujourd'hui dans mon nouveau projet professionnel dans les réseaux nationaux de tiers-lieux.

Pourquoi le DU Espaces Communs ?
La fermeture brutale du WIP a envoyé un signal fort concernant la précarité politique des espaces communs. Elle a ébranlé plusieurs convictions qui avaient accompagné le début de ma vie professionnelle dans l’économie sociale et solidaire. Pour dépasser cet événement et trouver ma nouvelle place dans cette dynamique, j'avais besoin de prendre du recul, compléter ma boîte à outils et renouer avec un ensemble de projets et personnes inspirantes. C'est ce que m'a permis de faire le D.U., avec grand nombre de belles surprises.
Si tu étais maire d'un village, qu'est-ce que tu rêverais de mettre en place ?
Il y a, dans nos territoires selon moi, un besoin de vivre plus en proximité avec notre "double environnement naturel" : la biodiversité et les paysages d'une part ; mais aussi les humains qui nous entourent d'autre part, nos voisins ! Un moyen d'activer ces échanges serait selon moi d'organiser un cycle de rencontres et d'événements conviviaux autour des notions de patrimoines immatériels communs : mettre en récit les histoires de la vie du village et de ses habitants, re-découvrir des habitudes locales, partir en balades collectives pour arpenter les espaces qui nous entourent, créer de la connaissance commune autour des espèces naturelles de notre environnement ... ça passe par ces moments là, avec beaucoup de convivialité et de fête. Tous ces patrimoines et matrimoines vivants qui, par leur proximité et leur ancrage dans notre quotidien, créent du liant.
Quel est ton meilleur souvenir de session du DU?
Lors de ma dernière session immersive à la Perm en Auvergne, j'ai participé à l'atelier vidéo proposé par une des participantes historiques du DU revenue pour l'occasion. Caméra et micro en main, j'ai eu la sensation de re-découvrir cet ancien collège jésuite à chaque récit qui m'en était fait par les profils interviewés à la fois sur le site, mais aussi à l'échelle de tout le village. Le dernier soir, il y avait une fête sur la place autour du kiosque. On avait laissé les micros au studio, mais on s'est rendu compte que toutes les anecdotes qui nous étaient parvenues avaient leur source ici, autour des tables de bois où se rassemblent chaque vendredi les habitant.e.s qui connaissent toustes très bien cet ancien collège. Ça a ajouté beaucoup de joie et de profondeur au récit.
Que pouvons-nous apprendre des espaces communs pour écrire demain ?
Je crois que les espaces communs sont avant tout un lieu d'empouvoirement très puissant. C'est un mot un peu moche pour dire que dans ces lieux, les codes habituels sont remis en question et parfois renversés, permettant de transformer notre vision des possibles et notre rapport aux un.e.s et aux autres. Avec les ressources qui y sont mises en partage, on a tout d'un coup la possibilité de créer, de se rencontrer, d'échanger, bien plus facilement et de manière plus conviviale qu'ailleurs. On sort de nos étiquettes enfermantes et on s'entraide pour atteindre des buts communs. Et c'est là pour moi qu'on lutte, ensemble contre la précarité, qu'elle soit écologique, économique, sociale, politique. C'est la solidarité et la résilience qui nous permettant de faire face aux défis contemporains par l'encapacitation individuelle et collective.
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